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Elle est ma soeur*

par Muhammad Alshareef

*Traduit par Muhammad Alshareef du livre Azzaman Alqaadim

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Ses joues submergèrent, et son visage avait si maigrit que la forme de ses os apparaissait. Cela ne l'avait pas arrêté parce qu’elle récitait fréquemment le Coran. Elle était toujours dans sa pièce de prière personnelle que notre père avait établie pour elle. Dans cette chambre, elle s’inclinait, se prosternait, et élevait les mains en prière, de l'aube au coucher du soleil et de retour encore ; elle ne s'ennuyait jamais.

Quant à moi, j'étais préoccupée par les revues de mode et les romans. Je regardais des vidéos fréquemment, tellement qu’on me reconnaissait aux magasins de vidéo. On dit que lorsque quelque chose devient une habitude pour une personne, les gens ont tendance à les distinguer par cela. Je négligeais mes responsabilités et j’étais trop paresseuse envers mon salah.

Une nuit, après avoir passé trois heures à regarder une vidéo, je l’ai éteint et j’ai entendu le adhan. Je me suis glissée paisiblement sous ma couverture.

J’entendis sa voix m'appelant de sa pièce de prière. « Oui ? Veux-tu quelque chose Noorah ? », demandai-je. Elle ruina mes projets en me disant : « Ne t’endors pas avant d’avoir prié fajr ! »

Agghh ! « Il reste une heure avant le fajr. C’était seulement le premier adhan », ai-je dit. Avec ces pincements tendres, elle m'appela de plus près. Elle était comme ça avant que la maladie féroce ait secoué son esprit en la renfermant au lit. « Hanan, peux-tu asseoir à côté de moi ? »

Je ne pouvais jamais refuser ses demandes ; on pouvait sentir la pureté et la sincérité en elle.

- Oui, Noorah ?

- S'il te plaît, assis-toi ici.

- Bien, je m'assieds. Quoi de neuf ?

Avec sa voix douce, elle récita : « Toute âme goûtera la mort. Mais c'est seulement au Jour de la Résurrection que vous recevrez votre entière rétribution. » Elle s’arrêta, puis elle me demanda : « Crois-tu en la mort ? »

- Bien sûr que oui.

- Crois-tu que tu seras responsable de tes actions, qu’elles soient petites ou grandes ?

- Oui, mais Allah pardonne et Il est Clément, et j'ai une longue vie devant moi.

- Arrête Hanan ! Ne crains-tu pas la mort et sa soudaineté ? Te souviens-tu de Hind ? Elle était plus jeune que toi mais elle est morte dans un accident de voiture. Ton âge ne pourrait jamais être une mesure du moment de ta mort.

L'obscurité de la pièce me donna des frissons. « J’ai peur de l'obscurité et maintenant tu m’as effrayé de la mort. Comment est-ce que je vais m'endormir ? Noorah, je croyais que tu nous avais promis que tu allais venir avec nous pour les vacances d’été. »

Sa voix faucha et son coeur frémit. « Cette année, je pense que je m’embarquerai sur un long voyage Hanan, mais ailleurs. Toutes nos vies sont dans les mains d'Allah et nous Lui appartenons. »

Des larmes glissèrent sur mes deux joues, et j’ai pensé à cette maladie qui tuait ma soeur. Les médecins informèrent mon père en privé que Noorah ne survivrait pas la maladie. Elle n'avait pas été informée, donc je me demandai qui le lui avait insinué. Peut-être qu'elle pouvait sentir la vérité ?

« A quoi penses-tu Hanan ? » Sa voix était tranchante. « Penses-tu que je te dis cela parce que je suis malade ? J'espère que non. En fait, je pourrais vivre plus longtemps que ceux qui ne sont pas malades. Combien de temps vas-tu vivre Hanan ? Peut-être vingt ans ? Peut-être quarante ? Et quoi ensuite ? » Elle me tendit sa main dans l'obscurité, puis elle le serra doucement. « Il n'y a pas de différence entre nous ; nous allons tous quitter ce monde pour habiter au Paradis ou souffrir en Enfer. Écoute les mots d'Allah : « Quiconque donc est écarté du Feu et introduit au Paradis, a certes réussi. »

J’ai quitté la pièce de ma soeur hébétée, ses mots sonnant dans mes oreilles : « Qu’Allah te guide Hanan - n'oublie pas ta prière. »

J'ai entendu des battements sur ma porte à huit heures du matin. Je ne me réveille pas d'habitude en cette heure-là. J’entendis des pleures et sentis une confusion. Ô Allah, qu’est-ce qui s'est passé ?

La condition de Noorah est devenue critique après fajr, donc ils l'ont emmené à l'hôpital immédiatement. Inna lillahi wa inna ilayhi raji'oon. Nous n’allons pas faire de voyages cet été ; c’était mon destin que je passerais l'été à la maison.

Il était une heure de l'après-midi, et c’était comme si nous avions attendu une éternité. Maman téléphona à l'hôpital. « Oui, vous pouvez venir la voir maintenant. » La voix de Papa avait changé, et ma mère pouvait sentir quelque chose n’allait pas. Nous sommes parties tout de suite.

Où était passé l’avenue que j’utilisais et dont je pensais être si courte ? Pourquoi c'était si longue maintenant ? Où étaient la foule et la circulation qui me permettaient de regarder à gauche et à droite ? Tout le monde, livrez passage et laissez-nous passer !

Maman secouait sa tête dans ses mains pleurant et faisant du’a pour sa Noorah. Nous sommes arrivées à l'entrée principale de l'hôpital. Un homme gémissait, pendant qu'un autre avait été impliqué dans un accident. Un troisième avait les yeux couverts de glace. On ne saurait pas dire s'il était mort ou vivant.

Noorah était dans le soin intensif. Nous avons sauté des escaliers à son plancher. L'infirmière nous a approché : « Laissez moi vous diriger vers elle. »

Comme nous marchions en bas les allées, l'infirmière exprima que Noorah était une fille gentille. Elle a rassuré un peu ma mère en disant que la condition de Noorah avait amélioré. « Désolée, mais seulement un visiteur à la fois », l'infirmière nous dit.

Ceci était l'unité de soin intensif. Parmi l’affairement des gens en robes blanches, à travers la petite fenêtre dans la porte, j'ai attrapé les yeux de ma soeur. Mère se tenait à côté d'elle. Après à peu près deux minutes, Maman est sortie incapable de contrôler ses larmes. « Tu peux entrer et lui dire salaam à condition que vous ne parlez pas trop longtemps, m'ont-ils dit. Deux minutes doivent suffire. »

- Comment ça va Noorah ? Tu étais bien hier soir, qu'est-ce qui c’est arrivé ma chère sœur ?

Nous avons tenu les mains ; elle m’a serré.

- Alhamdulillah, je me sens également bien.

- Alhamdulillah...mais...tes mains sont froides.

Je m’assis à côté d’elle sur le lit et toucha son genou. Elle l'enleva rapidement.

- Désolé, est-ce que je t’ai blessé ?

- Non, c'est juste que je me suis rappelé les mots d'Allah : « Waltafatus saaqu bis saaq. (Une jambe sera emballée à l'autre jambe [dans le linceul de mort]). » Hanan, prie pour moi. Il se peut que je rencontre le premier jour de l'au-delà très bientôt. C'est un voyage long et je n'ai pas préparé assez de bonnes actions dans ma valise.

Par ses mots, une larme échappa mon oeil et glissa sur mes joues. J'ai pleuré et elle m'a joint. La pièce a brouillé et nous pleurâmes ensemble. Mes larmes tombèrent à flots sur la paume de ma soeur que je tenais avec les deux mains. Papa s’inquiéta pour moi car je n'avais jamais pleuré comme ça auparavant.

De la maison et en haut dans ma pièce, j'aperçus le soleil se coucher laissant en arrière une journée douloureuse. Le silence a mêlé dans nos couloirs. L'un après l'autre, mes cousins sont entrés dans ma chambre. Les visiteurs étaient beaucoup et toutes les voix remuèrent ensemble. Seulement une chose était claire à ce point – Noorah était morte !

J'ai cessé de distinguer qui venait et qui partait. Je ne me rappelais pas ce qu’ils disaient. Ô Allah, où étais-je ? Qu'est-ce qui se passait ? Je ne pouvais plus pleurer.

Plus tard cette semaine, ils m’ont dit ce qui était arrivé. Papa avait pris ma main afin que je puisse dire au revoir à ma soeur pour la dernière fois ; j'embrassai la tête de Noorah. En la voyant allongée sur le lit – le lit sur lequel elle décéda – je me suis rappelé le verset qu'elle récitait : « Une jambe sera emballée à l'autre jambe (dans le linceul de mort). » Et j'ai bien su le verset prochain : « Le chemin de ce jour-là sera vers votre Seigneur (Allah) ! »

J'ai marché sur la pointe des pieds dans sa pièce de prière cette nuit-là. Observant les commodes et les miroirs, j’admirai la personne qui avait partagé l'estomac de ma mère avec moi. Noorah était ma soeur jumelle.

Je me suis rappelé la personne qui enlevait mes chagrins, qui me réconfortait lors de mes jours troublants, qui priait pour mon guidage et qui dépensait tant de larmes pendant tant de nuits m’informant de la mort et des responsabilités. Qu’Allah nous sauve.

Ce soir est la première nuit que Noorah passera dans son tombeau. Ô Allah, aie pitié d’elle et illumine sa tombe. Ceci était son Coran et son tapis de prière. Et ceci était sa robe de printemps rose-coloré qu'elle m'a dit qu’elle cacherait jusqu'à ce qu'elle se marie ; la robe qu'elle a voulue garder juste pour son mari.

Je me suis rappelé ma soeur et j’ai pleuré pour tous les jours que j'avais perdus. J'ai prié à Allah pour avoir pitié sur moi, pour m'accepter et me pardonner. J'ai prié à Allah pour garder ma soeur ferme dans sa tombe comme elle a toujours demandé dans ses invocations.

Soudainement, j'ai cessé de pleurer, puis je me suis imaginée que c’était moi qui étais morte. Vers où est-ce que je me dirigerais ? La crainte me prit et les larmes apparurent encore une fois.

« Allahu akbar, Allahu akbar… » Le premier adhan vint doucement du masjid. Il me sembla si beau cette fois-ci. Je me suis sentie calme pendant que je répétai l'appel de mu’adhin. J'ai emballé le châle autour de mes épaules et me suis levée pour prier le fajr. J'ai prié comme si c'était ma dernière prière, une prière d'adieu, juste comme Noorah avait fait hier. Elle avait prié son dernier fajr.

Maintenant, et incha Allah pour le restant de ma vie, si je m'éveille le matin, je ne compte pas être vivante le soir, et le soir je ne compte pas vivre jusqu’au matin. Nous allons tous prendre le voyage de Noorah. Qu'avons-nous préparé ?

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*Discours final de Muhammad Alshareef à la conférence « MYNA East Zone 1999 ».