Sabr ou Shoukr – Le Souci s’arrête ici
par Muhammad Alshareef
La foi d’Aasiyah, la femme de Pharaon, a prospéré sous l’ombre de quelqu’un qui dit : « C’est moi votre Seigneur, le très-haut. » Lorsque Pharaon se rendit compte de cela, il l’a battu et ordonna à ses gardes de la torturer. Ils l’ont pris à l’extérieur sous la chaleur du midi, attachèrent ses pieds et ses mains et la frappèrent brutalement. Durant cette torture cruelle, vers qui s’est-elle tournée ? Elle a prié, « Seigneur, construis-moi auprès de Toi une maison dans le Paradis, et sauve-moi de Pharaon et de son œuvre ; et sauve-moi des gens injustes. »
Il y a une narration qui raconte que lorsqu’elle dit ceci, le ciel s’ouvrit pour elle, révélant sa maison au paradis. Elle sourit lorsqu’elle l’aperçut, ce qui étonna les gardes. Ils se demandèrent comment elle pouvait sourire sous cette peine ? Frustré, Pharaon leur commanda d’écraser Aasiyah avec un rocher. Cependant, Allah prit son esprit avant que le rocher ne tombe sur elle et fit d’elle un exemple pour tous les croyants et croyantes jusqu'au jour dernier.
[et Allah a cité en parabole pour ceux qui croient, la femme de Pharaon, quand elle dit : « Seigneur, construis-moi auprès de Toi une maison dans le Paradis, et sauve-moi de Pharaon et de son œuvre ; et sauve-moi des gens injustes. »] (Sourate At-Tahreem 66/11)
Dans le hadith où Gabriel interrogea le Prophète – sal Allahu alayhi wa sallam – sur l’Islam, l’eman et l’ihasan, il lui répondit à propos de l’eman : « Celle-ci est la croyance en Allah, Ses anges, Ses livres, Ses messagers, le Jour du Jugement dernier et le décret divin, le bien et le mauvais. » Aujourd’hui, nous parlerons du dernier article de la foi : la croyance au décret divin, le bien et le mauvais.
Au cours de notre vie, nous affrontons deux situations, soit que quelque chose de bien nous arrive, et dans ce cas le musulman devrait remercier Allah pour cette bénédiction, soit qu’une malheur nous parvient, une situation où le musulman devrait être patient. Ceci est la formule pour vivre une vie heureuse, une vie qui nous mène vers le plaisir d’Allah. Sabr (patience) ou shukr (gratitude), voilà où le souci s’arrête.
Le Messager d’Allah – sal Allahu alayhi wa sallam – dit : « Étrange est l’affaire du mu’min (le croyant). Tout ce qui lui arrive lui profite. Si une chose plaisante lui arrive, il remercie Allah et ceci lui profite. Et si quelque chose de nuisible lui arrive, il est patient et ceci lui profite aussi. Cela est juste pour le mu’min. »
Ibn Al-Jowzee dit : « Si ce monde n’était pas une station de tests, il ne serait pas rempli de maladies et de saleté. Si la vie ne comportait pas d’épreuves, les prophètes et les pieux auraient vécu la plus confortable des vies. Le prophète Adam affronta test après test jusqu'à son dernier jour. Noé a pleuré pendant trois cent ans. Abraham a été lancé dans un feu et a été commandé de sacrifier son fils. Jacob a pleuré tant qu’il est devenu aveugle. Moïse a défié Pharaon et a été éprouvé par son peuple. Jésus n’avait aucune provision sauf les petits morceaux que ses disciples lui fournissaient. Et Muhammad – sal Allahu alayhi wa sallam – fit face à la pauvreté avec patience ; son oncle, qu’il aimait tant, était mis à mort et mutilé par son peuple qui ne croyait pas en lui. Et la liste des prophètes et des gens pieux continue. »
Les événements qui se passent dans nos vies ont été décrétés par Allah. Cela fait partie de notre eman en qada’ et qadr et nous devons être satisfaits du choix d’Allah. Toute situation à laquelle on fait face, qu’elle semble bien ou mauvaise, est un test de ce monde. Comment pouvons-nous imaginer que nous n’allons pas être éprouvés lorsque ceux avant nous, qui étaient meilleurs que nous, ont souffert ce qu’ils ont souffert ? Pourtant, ils ont obtenu le plaisir d’Allah, subhanahu wa ta'ala.
Al Hasan ibn Arafah raconte qu’il rendit visite à l’Imam Ahmad ibn Hanbal après qu’il eût été rudement frappé et torturé. Il lui dit : « Ô Abu Abdillah, tu as atteint la station des prophètes !» Il répondit : «Tais-toi. J’ai vu des gens trahir leur religion. Et j’ai vu des savants avec qui je me tenais tromper leur religion. Donc, je me suis demandé, «Qui suis-je ? Qui suis-je ? Qu’est que je vais dire à Allah demain lorsque je me tiendrai devant Lui et Il me demandera : « As-tu trahi ta religion comme les autres ? » Alors, j’ai regardé le fouet et l’épée ; puis je les ai choisis en me disant, « Si je meurs, je retournerai à Allah et lui dirai : « On m’a commandé de dire qu’une de Tes caractéristiques était inventée mais j’ai refusé d’obéir. » Après cela, Il décidera s’Il me punira ou s’Il m’accordera Sa miséricorde. »
Al Hasan ibn Arafah demanda ensuite : « As-tu senti de la douleur lorsqu’ils t’ont frappé ? » Il répondit : « Oui, j’ai senti de la douleur jusqu’au vingtième coup de fouet et après cela, je n’ai rien senti. (Ils l’ont fouetté plus de quatre-vingt fois.) Après, quand ils avaient terminé, je ne ressentais plus aucune douleur et ce jour-là, j’ai prié dhuhr debout. »
Al Hasan ibn Arafah se mit à pleurer quand il entendit ce qui lui était arrivé. Imam Ahmed lui demanda : « Pourquoi pleures-tu ? Je n’ai pas perdu mon eman, donc pourquoi est-ce que je me soucierais de la mort ? » Ces gens étaient meilleurs que nous et c’est ainsi qu’ils ont été éprouvés.
Discutons de quelques faits concernant les tests que nous affrontons dans nos vies, les biens et les mauvais :
1. En général, ce qui nous arrive (par exemple les temps difficiles) est le résultat direct de nos péchés. Allah ta'ala dit : [Tout malheur qui vous atteint est dû à ce que vos mains ont acquis. Et Il pardonne beaucoup.] (Sourate Ash-Shura 42/30)
Muhammad ibn Sireen dit que lorsque ses dettes s’empilaient, il se sentait triste et disait : « Je sais que la cause de cette tristesse est un péché que j’ai commis il y a plus de 40 ans. »
2. Les gens savent que quand quelque chose de mauvais leur arrive, c’est un test d’Allah. Mais mes chers frères et sœurs, les bonnes choses qui se passent dans nos vies sont aussi des tests d’Allah.
Allah ta’ala dit : [Nous les avons éprouvé par des biens et par des maux, peut-être reviendraient-ils (au droit chemin).] (Sourate Al-A'raf 7/168)
Abd AlMalik ibn Ishaq dit : « Tout le monde est éprouvé par leur santé et leur fortune pour voir si la personne sera reconnaissante. »
Et le compagnon AbdurRahman ibn 'Awf – radi Allahu ‘anhu – dit : « Nous étions affligés par des difficultés, donc nous demeurâmes patients. Ensuite, nous avons été éprouvés par la prospérité et nous sommes devenus impatients. »
Conséquemment, Allah dit : [Ô vous qui avez cru ! Que ni vos biens ni vos enfants ne vous distraient du rappel d'Allah. Et quiconque fait cela... alors ceux-là seront les perdants.] (Sourate Al-Munafiqun 63/9)
3. La patience doit être démontrée dès le début d’une calamité, c’est-à-dire du premier coup et non pas trois jours plus tard. Le Prophète – sal Allahu alayhi wa sallam – dit : « La patience (sabr) est démontrée du premier coup. »
4. Il y a des actions qui contredisent la patience (sabr) telles que déchirer ses vêtements, se gifler le visage, se raser la tête, et maudire ou lamenter sans cesse. Umm Salamah – radi Allahu ‘anha – raconte: « J’ai entendu le Messager d’Allah – sal Allahu alayhi wa sallam – dire : «N’importe quel musulman qui dit (lorsque qu’une calamité lui arrive), « Certes nous sommes à Allah, et c'est à Lui que nous retournerons, ô Allah, récompense-moi dans cette calamité et donne-moi quelque chose de meilleur » Allah lui donnera quelque chose de meilleur (que ce qu’il a perdu). » (Muslim)
5. Ces privations et ces tests qui nous arrivent lavent nos péchés. Aicha – radi Allahu ‘anha – a dit : « La fièvre enlève les péchés comme un arbre perd ses feuilles. »
6. Les privations qui nous arrivent distinguent les croyants des insincères. Shumayt ibn Ajlaan dit : « La santé cache les pieux et les ingrats. C’est leur façon de réagir aux calamités qui les distingue. »
Allah ‘azza wa jall dit dans le Coran : [Alif laam meem. Est-ce que les gens pensent qu’on les laissera dire : « Nous croyons !» sans les éprouver ? Certes, nous avons éprouvé ceux qui ont vécu avant eux ; (Ainsi) Allah connaît ceux qui disent la vérité et ceux qui mentent.] (Sourate Al-Ankabut 29/1-3)
Deuxième Partie : Envers la patience
Ali – radi Allahu ‘anhu – a dit : « La patience et l’eman sont jointes comme la tête au corps. Quand la tête est coupée, le corps tombe. Il n’y a donc aucune foi pour celui qui n’a aucune patience. »
Il y a trois types de patience qu’un musulman doit posséder :
1. Avoir la patience en obéissant à Allah. Par exemple, un musulman doit être patient et exécuter la prière du fajr à temps.
2. Avoir la patience de ne pas désobéir à Allah. Lorsqu’un individu nous insulte, et que nous voulons retourner la méchanceté, nous devons nous abstenir car Celui qui nous a donné nos langues nous a commandé de ne pas suivre les chuchotements du diable (Shaytan).
3. Avoir la patience en ce qu’Allah a décrété pour nous. Par exemple, si notre enfant décède, nous devons être patient et chercher la récompense en ne disant que des mots qui plaisent à Allah.
Il y a deux clés que, si nous les maîtrisons, elles ouvriront la porte qui mène à la patience.
La première clé : Savoir que notre âme, notre famille et notre richesse ne nous appartiennent pas ; elles appartiennent à Allah. Il nous les a prêtées pour voir comment nous allons les utiliser. Lorsqu’Il les reprend, Il reprend simplement ce qui Lui appartient. Nous n’avions rien avant la bénédiction et nous n’aurons rien après. Nous n’avons pas crée cette bénédiction, donc comment peut-on déclarer qu’elle nous appartient ?
La deuxième clé : Nous faisons un voyage et la destination est vers l'au-delà, soit le paradis ou l’enfer. Nous quitterons ce monde et nous retournerons à Allah. Il faut constamment se souvenir de ceci. Si Allah est satisfait de nous, alors il n’y aura aucune inquiétude. Par contre, si Allah est insatisfait de nous, il y aura de quoi s’inquiéter.
Laissez-moi attirer votre attention vers un verset du Coran. Écoutez attentivement. Allah dit : [Soyez assidus aux Salats et surtout la Salat médiane ; et tenez-vous debout devant Allah, avec humilité.] (Sourate Al-Baqarah 2/238)
Les versets qui précèdent celui-ci parlent du divorce et ceux qui suivent parlent également du divorce. Pourquoi est-ce que ce verset a été placé au milieu ?
Les ulama' ont suggéré, et Allah sait mieux que nous, qu’au courant des moments difficiles (surtout le divorce), une personne ne doit pas oublier de se souvenir d’Allah et de faire la salah. C’est cette salah accompagnée par la patience qui aidera l’individu à surmonter la difficulté.
[Ô les croyants ! Cherchez secours dans l’endurance et la Salat. Car Allah est avec ceux qui sont endurants.] (Sourate Al-Baqarah 2/153)
En conclusion, Allah ta’ala veut qu’on proclame la bonne nouvelle suivante :
[Et fais la bonne annonce aux endurants, qui disent, quand un malheur les atteint : « Certes nous sommes à Allah, et c'est à Lui que nous retournerons. » Ceux-là reçoivent des bénédictions de leur Seigneur, ainsi que la miséricorde ; et ceux-là sont les biens guidés.] (Sourate Al-Baqarah 2/155-157)
Allah a promis trois choses aux patients et aux patientes : Son pardon, Sa miséricorde et de les guider. N’est-ce pas suffisant ?