Le Du'a et sa relation avec le destin*

par Yasir Qadhi

Le du’a et sa relation avec le destin (qadr) est un sujet très important sur lequel beaucoup de confusion existe. Plusieurs gens demandent : « Si tout a été déjà destiné, alors quel est l’importance du du’a ? Si Allah a déjà décrété mes besoins, je les obtiendrai sans faire de du’a et si ça n'a pas été écrit pour moi, alors je ne les obtiendrai jamais. »

La réponse à cette question est la compréhension que l'issue de n'importe quoi dépend de l'exécution des efforts qui sont nécessaires à le procurer. Par exemple, il est décrété qu’une semence croîtra si planté, mais ceci n'arrivera pas à moins que le fermier fasse les efforts nécessaires étant d’irriguer la récolte, la maintenir, protéger la plante pendant qu’elle germe, et s'assurer de procurer les facteurs nécessaires pour la récolte.

Même si une personne croit au destin divin, il doit en même temps s'efforcer à s'assurer que le but désiré arrive. Donc le du’a est le moyen qu’on utilise pour atteindre le but désiré, et ceci n’invalide ni contredit la destinée qui a été décrétée pour cette personne.

Cela a été clarifié par le hadith du Prophète sal Allahu alayhi wa sallam, rapporté par Thawban, qu’il sal Allahu alayhi wa sallam dit :

« Rien n'augmente la durée de vie sauf les bonnes actions, et rien ne repousse le destin divin sauf le du’a. Une personne peut être privée de besoins en raison d'un péché qu'elle a commis. » (Ibn Majah)

En d’autres mots, l'exécution de bonnes actions est une cause d'augmentation d'une portée de vie. Donc si une personne fait les efforts nécessaires, les résultats seront atteints, et ceci est aussi destiné. Alors, les moyens pour atteindre un but, et l'accomplissement du but lui-même sont déjà décrétés.

Si quelqu'un demandait : « Comment est-ce que le du’a peut retarder le décret divin » nous répondrions, « Le fait que vous allez tomber malade a été déjà décrété par Allah pour vous, comme le fait que vous Lui demanderez de vous guérir de cette maladie (la maladie et votre demande de guérison ont été décrétées). D’une manière similaire, le fait qu’une personne peut être privée de ses besoins a été décrété, puisque la connaissance infinie d'Allah renferme la connaissance que cette personne exécuterait une action pécheresse qui causerait la privation de ses besoins. Tout ceci est du décret d'Allah, gloire et louange à Lui. » Il y a plusieurs ahadith qui clarifient ce point. Par exemple, Mu'adh ibn Jabal a rapporté que le Prophète sal Allahu alayhi wa sallam a dit :

« La précaution sera d'aucun avantage contre le décret divin, mais le du’a bénéficie toutes choses, qu'elles descendent ou pas. Ô serviteurs d’Allah, je vous conseille donc de faire le du’a. » (Ahmad, Abu Ya'la et at-Tabarani)

Donc même si une personne essaie d’être prudente, elle ne peut pas échapper ce qui est écrit pour elle, simplement parce qu'Allah contrôle tout et rien n'échappe Sa connaissance ou Son pouvoir. Cependant, en se tournant vers Allah, il est possible de détourner quelque chose qui pourrait avoir été décrété. Salman al-Farsi raconta que le Prophète sal Allahu alayhi wa sallam a dit :

« Rien ne repousse le destin divin sauf le du’a et rien n'augmente une durée de vie sauf les bonnes actions. » (At-Tirmidhi et Al-Hakim)

Ce hadith nous informe que le seul moyen pour repousser le destin est par le du’a. Donc il est possible que quelque chose de désagréable soit décrété pour nous, mais en faisant du du’a, ce malheur sera détourné de nous. Donc si le du’a est fait, alors ce malheur n'arrivera pas, tandis que si le du’a n’a pas été fait, le malheur arrivera.

Une autre narration dans at-Tirmidhi soutient aussi ceci. Le Prophète sal Allahu alayhi wa sallam a dit :

« Quand un musulman demande à Allah ce qu’il veut, Allah lui accorde ses voeux ou le détourne d’un malheur similaire, mais Il n’accorde pas les demandes pour le malheur ou les ruptures des liens de parenté. » (At-Tirmidhi)

D’après cette narration, les avantages du du’a sont précisés et sa valeur est comprise. Car non seulement une personne est récompensée pour l’avoir fait, mais le du’a est aussi une cause de repousser un malheur qui avait été destiné pour une personne et à obtenir le bien qu'elle prévoyait.

Ibn Hajr commenta au sujet des avantages du du’a en disant : « Et l'avantage de faire du du’a est l’atteinte de récompense pour avoir obéi l'ordre d'Allah (étant de faire le du’a) et aussi la réalisation de ce qui est demandé, car il y a une possibilité que la demande soit dépendante du du’a puisque Allah est le Créateur de l'effort et du résultat de l'effort. » (Fath Al-Bari)

Donc, la bonne réponse à la question posée au début du chapitre est, dans les mots de ibn al-Qayyim, comme suit :

« Les conséquences logiques d'un tel raisonnement mènent à une réjection de tout effort. Il peut donc être dit à une personne qui tient cette vue, « Si la satisfaction de votre faim et soif a déjà été destinée pour vous, alors il sera accompli, que vous mangez ou pas. De ce fait, si cette satisfaction n’a pas été destinée pour vous, elle n'arrivera jamais, que vous mangez ou pas. Et si un fils a été destiné pour vous, alors vous l’aurez, que vous ayez eu des relations avec votre femme ou non. Par contre, si un fils n'a pas été destiné pour vous, alors vous ne l'aurez jamais. Dans ce cas, il ne vaut pas la peine de vous marier...! » Est-ce qu’il y a une personne saine d'esprit qui est en accord avec toutes ces conclusions ? » (Al-Jawab Al-Kafi)

En bref, le destin (qadr) ne peut pas être utilisé comme une excuse pour ne pas faire de du’a. Comme l'un s'efforce à s'assurer qu’il atteint ses besoins de ce monde, tels que la nourriture, les breuvages et une famille, il doit aussi s'efforcer dans ses actions religieuses afin d’atteindre le but désiré. Le du’a est intrinsèquement relié au qadr ; en fait, il fait partie du qadr. Allah a déjà décrété qu'une certaine chose sera accordée à un serviteur, ou un mal sera détourné de lui s'il fait du du’a. Donc s'il ne le faisait pas, alors le but désiré ne serait pas atteint.

C'était la sunnah du Prophète sal Allahu alayhi wa sallam de faire le du’a suivant pendant la prière de witr :

« ...Bénissez moi dans ce que Tu m'as donné. Puis détourne et repousse de moi le mal qui a été décrété pour moi, car il n’y a que Toi qui décrètes (toute chose), et aucun ne peut décréter contre Toi… » (At-Tirmidhi et An-Nasa'i)

Donc le musulman se tourne vers Allah et Lui prie pour que les malheurs soient détournés de lui.

En plus, il faudrait se rappeler que destin divin est un concept que l’humain ne comprendra jamais en totalité à cause de son intellect limité et ses capacités finies. Le vrai musulman ne fouille pas profondément dans les ramifications philosophiques du décret divin. Il accepte tout ce qui lui est arrivé dans le passé comme ayant été destiné pour lui, et il s’efforce à obtenir ce qu'il désire dans l'avenir (des choses licites). Puisque il ne sait pas ce qui a été écrit pour lui, il espère qu’Allah lui donne les meilleures choses, et cette personne fait de son mieux pour s'assurer que ce qu'il veut soit accordé. Tout comme une personne obtiendra son salaire à la fin du mois si elle travaille tous les jours, si Allah le veut, de même le du’a assure l’atteinte du but désiré d’un individu, si Allah le veut.

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*Extrait de : Qadhi, Abu Ammaar Yasir (2003). Du'a: The Weapon of the Believer: A Treatise on the Status and Etiquette of Du'a in Islam. Birmingham: Al-Hidaayah.